Le président intérimaire du Tchad, Mahamat Idriss Déby, a annoncé qu’il envisageait un retrait de la Force multinationale mixte (MNJTF), déplorant un manque d’efficacité de cette coalition de sécurité dans sa mission de lutte contre les groupes insurgés actifs dans la région du lac Tchad. Cette force, composée de troupes tchadiennes, nigérianes, nigériennes et camerounaises, vise à contrer les menaces posées par les organisations militantes, notamment Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest.
Lors d’une visite dans cette région frontalière, où une attaque attribuée à des militants de Boko Haram a coûté la vie à environ 40 soldats tchadiens fin octobre, Déby a exprimé son mécontentement face aux résultats de la MNJTF. Il a critiqué le manque de coordination et de coopération entre les membres de la force multinationale, affirmant qu’elle ne parvient pas à s’unir contre l'« ennemi commun ». Selon lui, la MNJTF, créée pour mutualiser les efforts et les renseignements, « semble être en déclin ».
Déby a également annoncé le lancement d’une opération militaire contre les assaillants de l’attaque d’octobre, tout en remettant en question la participation du Tchad à la MNJTF, dont le rôle est devenu incertain. Un retrait du Tchad, dont les forces armées sont parmi les plus expérimentées et respectées de la région, pourrait porter un coup dur à la coalition.
La région du lac Tchad reste l’un des points les plus chauds de l’Afrique de l’Ouest, avec des attaques régulières menées par des groupes militants qui sévissent dans le nord-est du Nigéria depuis 2009 et se sont étendues jusqu’aux frontières du Tchad. Les gouvernements du Nigéria, du Niger et du Cameroun n’ont pas encore commenté les déclarations du président tchadien.
Un signal d’alarme pour la stabilité régionale
La prise de position de Déby souligne les défis croissants auxquels font face les pays membres de la MNJTF pour contrer des groupes insurgés persistants et bien armés. Pour de nombreux observateurs, la situation actuelle pose des questions sur la capacité de cette force multinationale à répondre efficacement à la menace terroriste dans la région, tandis que l’avenir de la coopération militaire dans cette zone demeure incertain.