Le Mali, le Burkina Faso et le Niger viennent de poser un acte majeur dans l'histoire du Sahel et, plus largement, de l'Afrique. En créant la Confédération des États du Sahel (AES), ces trois nations affichent une volonté assumée de s'unir pour affronter les défis régionaux en matière de sécurité, de développement, et d'autonomie politique. Cette initiative, ratifiée par le Conseil national de transition malien le 1er novembre 2024, marque le début d'un projet politique inédit qui pourrait transformer durablement le visage de la région.
Un pacte pour la stabilité et la prospérité
L'AES se veut une réponse directe aux problématiques auxquelles le Sahel est confronté depuis des années. Les leaders de cette confédération comprennent bien que la sécurité et le développement sont indissociables. En mettant en place une coopération militaire et une politique de défense commune, les trois États espèrent contrer plus efficacement les groupes terroristes et les réseaux criminels qui gangrènent la région. En parallèle, l’AES prévoit une harmonisation des politiques économiques qui devrait faciliter les échanges commerciaux, attirer des investissements, et, à terme, offrir de meilleures perspectives à leurs populations.
En somme, l’alliance repose sur un modèle de solidarité active, où chaque État membre bénéficie des ressources et des compétences de ses partenaires. Pour les trois pays, il s’agit aussi de renforcer leur résilience économique en misant sur un marché commun et des politiques harmonisées.
Un choix d’autonomie
Ce rapprochement s’inscrit dans un contexte de rupture avec la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), à laquelle les trois pays ont tourné le dos en janvier 2024. Les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger ont accusé la CEDEAO de servir des intérêts étrangers au détriment des aspirations locales. En fondant l’AES, ils affichent leur volonté de prendre leur destin en main, en dehors de l’influence des puissances qui, selon eux, n'ont pas su ou voulu répondre aux aspirations sahéliennes.
Ce désir de souveraineté peut également être perçu comme un signal fort adressé à la communauté internationale. En privilégiant une approche locale des questions de sécurité et de développement, l’AES défend l'idée que les États africains sont mieux placés pour définir et implémenter des solutions adaptées aux défis du continent.
Une nouvelle vision de l'unité africaine ?
L'initiative de l'AES pourrait ouvrir la voie à une intégration régionale plus poussée en Afrique. Ce modèle de coopération, basé sur des enjeux communs et un besoin d’autodétermination, pourrait inspirer d’autres nations africaines à réévaluer leurs propres partenariats régionaux. Si la Confédération des États du Sahel parvient à stabiliser la région et à stimuler son développement économique, elle deviendra un modèle pour une intégration africaine résiliente, construite par et pour les Africains.
Un pari sur l’avenir
En scellant cette alliance, le Mali, le Burkina Faso et le Niger prennent un pari audacieux sur l’avenir. Certes, les défis sont nombreux et complexes, mais le potentiel est réel. La Confédération des États du Sahel porte en elle l’espoir d’une Afrique plus forte et plus unie, prête à affronter les réalités du XXIe siècle en s’appuyant sur ses propres forces. Reste à voir si cette expérience pionnière saura franchir l’épreuve du temps et prouver que l’autonomie africaine n’est plus un rêve, mais une ambition réalisable.