Sissoko Abdoul Karim,
correspondant Africa Eye, Mali
Les réseaux sociaux sont aujourd’hui plus que jamais le théâtre de discours de haine et d’échanges virulents entre partisans de la CEDEAO et de l’AES, un phénomène qui représente une violation des droits de l’homme et met en péril le débat public. Même les plateformes de Web TV ne sont pas épargnées par ces dérives.
Depuis les récents renversements de régime au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le climat s’est encore tendu, marqué par des arrestations de personnalités publiques. Parmi elles, M. Issa Kaou Djim, acteur politique malien, a été interpellé après des propos jugés déstabilisants tenus lors d’un débat sur un média local. Ces propos, rapidement relayés sur les réseaux sociaux, ont conduit le pôle de cybercriminalité à se saisir de l’affaire.
Un cas similaire avait été observé auparavant au Burkina Faso, où une autre séquence controversée avait été largement partagée en ligne, jusqu’à ce que les institutions judiciaires locales s’en emparent également.
Pourtant, la liberté d’expression demeure un droit fondamental, permettant à chacun de s’exprimer librement dans les limites fixées par la loi. Cette situation soulève une question cruciale : le pôle de cybercriminalité agit-il de manière impartiale dans ces dossiers ?
Si la liberté d’expression autorise l’expression de divergences idéologiques, elle n’autorise en aucun cas la transgression des lois ou la violation des droits d’autrui. Les individus doivent ainsi respecter les cadres juridiques établis lorsqu’ils s’expriment, notamment à travers les plateformes numériques.
Le discours de haine, qui peut revêtir diverses formes, reste difficile à encadrer juridiquement. Malgré certaines critiques, les institutions telles que le pôle de cybercriminalité jouent un rôle essentiel dans la régulation de ces discours, même si leurs décisions peuvent susciter des désaccords.
Discours de haine ou messages de déstabilisation ?
Une distinction s’impose : si le discours de haine résulte souvent d’un sentiment d’injustice perçu, il dépasse fréquemment les limites légales encadrant la liberté d’expression. Cette dernière se situe donc à la croisée de ces deux concepts, oscillant entre le droit d’exprimer une opinion et l’interdiction de troubler l’ordre public.
En fait, la régulation des discours sur les réseaux sociaux demeure un défi complexe dans un contexte marqué par des clivages idéologiques profonds. Il revient aux institutions de garantir un équilibre entre la préservation des libertés fondamentales et la lutte contre les abus.