𝐀𝐧𝐚𝐥𝐲𝐬𝐞 : 𝐋𝐞 𝐅𝐄𝐒𝐓𝐀𝐁, 𝐮𝐧 𝐦𝐨𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐡é𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐝é𝐯𝐞𝐥𝐨𝐩𝐩𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 à 𝐊𝐨𝐮𝐧𝐝𝐚𝐫𝐚

Fhadel Alou,

journaliste béninois.

La 3ᵉ édition du Festival des Arts et de la Culture du Badiar (FESTAB), clôturée le 21 décembre 2024 à Koundara, met en lumière les enjeux culturels, sociaux et économiques de cet événement devenu un rendez-vous incontournable pour la région. Si l’initiative suscite des éloges, elle révèle également des attentes et des défis à relever pour les éditions futures.
𝐔𝐧𝐞 𝐯𝐢𝐭𝐫𝐢𝐧𝐞 𝐜𝐮𝐥𝐭𝐮𝐫𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐞𝐧 𝐩𝐥𝐞𝐢𝐧𝐞 é𝐯𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧
Le FESTAB s’impose comme un événement phare pour la promotion des traditions locales. Pour des communautés comme les Mandinko, souvent marginalisées dans la région, ce festival constitue une plateforme d’expression et d’inclusion. Ibrahima Camara, un Mandinko de Gaoual, souligne cet aspect novateur :
« 𝐂𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐢𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐮𝐱 é𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐫é𝐜é𝐝𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬, 𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞-𝐜𝐢 𝐚 𝐢𝐧𝐜𝐥𝐮𝐬 𝐝𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐝’𝐞𝐭𝐡𝐧𝐢𝐞𝐬, 𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐫𝐞𝐩𝐫é𝐬𝐞𝐧𝐭𝐞 𝐮𝐧 𝐩𝐫𝐨𝐠𝐫è𝐬 𝐧𝐨𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞. 𝐋𝐞 𝐅𝐄𝐒𝐓𝐀𝐁 𝐚 𝐮𝐧 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐚𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐞𝐭 𝐦é𝐫𝐢𝐭𝐞 𝐮𝐧 𝐚𝐜𝐜𝐨𝐦𝐩𝐚𝐠𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐮𝐧𝐞 𝐢𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩é𝐫𝐞𝐧𝐧𝐞. »

Ce caractère inclusif marque une étape importante dans la quête d’unité et de reconnaissance des divers groupes ethniques de Koundara. Cependant, ce dynamisme culturel ne peut se maintenir sans un soutien accru des autorités locales et nationales, comme le rappelle Camara.
𝐄𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐞𝐧𝐠𝐨𝐮𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐭 𝐢𝐧𝐝𝐢𝐟𝐟é𝐫𝐞𝐧𝐜𝐞
L’enthousiasme généré par le FESTAB n’est cependant pas partagé par tous. Certains habitants, à l’image de ce mécanicien moto du quartier Centre 1, avouent leur indifférence :
« 𝐉𝐞 𝐧’𝐚𝐢 𝐩𝐚𝐬 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐜𝐢𝐩é, 𝐜𝐞𝐥𝐚 𝐧𝐞 𝐦’𝐢𝐧𝐭é𝐫𝐞𝐬𝐬𝐚𝐢𝐭 𝐩𝐚𝐬. »
Ce désintérêt met en lumière une certaine déconnexion entre l’événement et une partie de la population. Il souligne également le besoin de mieux communiquer autour des bénéfices du FESTAB pour fédérer un plus grand nombre de participants.
En revanche, d’autres, comme Mady Sylla, mécanicien automobile, y voient une opportunité économique :
« 𝐋’𝐚𝐟𝐟𝐥𝐮𝐱 𝐝𝐞 𝐯é𝐡𝐢𝐜𝐮𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐧𝐝𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝐟𝐞𝐬𝐭𝐢𝐯𝐚𝐥 𝐝𝐲𝐧𝐚𝐦𝐢𝐬𝐞 𝐧𝐨𝐬 𝐚𝐜𝐭𝐢𝐯𝐢𝐭é𝐬. 𝐌ê𝐦𝐞 𝐬𝐢 𝐜𝐞𝐭𝐭𝐞 𝐚𝐧𝐧é𝐞 𝐢𝐥 𝐲 𝐚 𝐞𝐮 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐪𝐮’à 𝐥’é𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐩𝐫é𝐜é𝐝𝐞𝐧𝐭𝐞, 𝐜𝐞𝐥𝐚 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐫𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮𝐬 𝐢𝐦𝐩𝐨𝐫𝐭𝐚𝐧𝐭𝐞. »
Cette observation illustre l’impact indirect mais réel de l’événement sur l’économie locale, montrant que le FESTAB dépasse sa vocation culturelle pour devenir un moteur économique.
𝐃𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭𝐢𝐯𝐞𝐬 𝐝’𝐚𝐦é𝐥𝐢𝐨𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧

Malgré une organisation globalement saluée, des attentes subsistent pour les futures éditions. Mamadou Diouldé Koulibaly, conducteur de taxi-moto, relève une mobilisation satisfaisante, bien que perfectible :« 𝐋’é𝐯é𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐬’𝐞𝐬𝐭 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐝é𝐫𝐨𝐮𝐥é, 𝐬𝐚𝐧𝐬 𝐢𝐧𝐜𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐦𝐚𝐣𝐞𝐮𝐫𝐬. 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐞𝐬𝐩é𝐫𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐚𝐯𝐚𝐧𝐭𝐚𝐠𝐞 𝐝’𝐚𝐦é𝐥𝐢𝐨𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝟒ᵉ é𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧. »

Ce besoin d’amélioration porte sur plusieurs aspects : une meilleure organisation, une communication plus large et une diversification des activités pour maintenir l’intérêt et l’engouement du public.
𝐋𝐞 𝐅𝐄𝐒𝐓𝐀𝐁, 𝐮𝐧 𝐜𝐚𝐭𝐚𝐥𝐲𝐬𝐞𝐮𝐫 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥’𝐚𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫

En définitive, le FESTAB se positionne comme un levier potentiel pour l’unité et le développement à Koundara. Sa capacité à fédérer les communautés, à promouvoir les identités locales et à stimuler l’économie locale en fait une initiative à fort impact. Cependant, sa pérennité dépendra de la mobilisation des autorités et de l’engagement des citoyens pour en faire un véritable instrument de cohésion sociale et de rayonnement culturel.
Le défi pour les prochaines éditions sera de capitaliser sur les acquis tout en répondant aux attentes exprimées, afin que le FESTAB devienne un modèle d’organisation culturelle en Guinée.

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