Rédaction: Mamoudou Samoura
Analyste des dynamiques africaines
Les politiques et institutions africaines évoluent, mais à quel rythme ? C’est la question centrale du dernier rapport annuel d’évaluation des politiques et des institutions nationales 2024 (CPIA en anglais) publié en juillet par la Banque mondiale. Ce document annuel évalue la qualité des politiques publiques et des institutions dans 39 pays d’Afrique subsaharienne, mettant en lumière à la fois les avancées réalisées et les défis qui persistent.
- Des réformes qui portent leurs fruits
Dans un contexte économique mondial tendu, certains pays africains n’ont pas ménagé leurs efforts pour renforcer leurs institutions. L’indépendance des banques centrales a notamment été renforcée, une mesure fondamentale pour stabiliser les économies et attirer des investissements privés. Cette quête de crédibilité économique se traduit aussi par des politiques budgétaires plus rigoureuses et une transparence accrue dans la gestion des finances publiques.
- Mais une stagnation inquiétante
Malgré ces avancées, la note moyenne du CPIA pour l’Afrique subsaharienne reste bloquée à 3,1 sur 6, un score qui stagne depuis plusieurs années. Pourquoi cette inertie ? Le rapport pointe plusieurs obstacles :
- Une transparence limitée dans la gestion publique, freinant les réformes profondes.
- Un système judiciaire souvent inefficace, qui complique l’application des lois et des réformes économiques.
- Un fardeau de la dette en hausse, réduisant la capacité des gouvernements à investir dans l’éducation, la santé et les infrastructures essentielles.
- Un avenir incertain mais porteur d’espoir
Dans ce contexte contrasté, Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, insiste sur l’importance de poursuivre les réformes. Selon lui, ce rapport doit servir à orienter les décisions politiques et à engager un dialogue constructif pour améliorer la gouvernance et le climat économique. C’est ainsi qu’il déclare que : « Le rapport CPIA permet de cerner les domaines de faiblesse relative et d’engager un dialogue sur les réformes politiques susceptibles de produire de meilleurs résultats de développement. »
Le défi est de taille, mais l’opportunité est bien réelle : en mettant en place des politiques inclusives et des réformes ambitieuses, l’Afrique pourrait non seulement renforcer sa résilience économique, mais aussi accélérer son développement vers un avenir plus stable et prospère.