L’Afrique face à l’IA : Construire ou subir ?

Rédaction :Rahime Diallo, à Dakar

L’inteligence artificielle (IA) transforme le monde à une vitesse fulgurante. Certains pensent que l’Afrique est en retard et restera spectatrice de cette révolution. Pourtant, le continent a des atouts pour devenir un acteur majeur sans dépendre des technologies étrangères, avec toutes les conséquences économiques que cela implique.

Contrairement aux idées reçues, l’IA fait déjà partie du quotidien africain. Au Sénégal, les vendeurs du marché HLM utilisent TikTok, alimenté par l’IA, pour attirer des clients et vendre leurs produits. Les fintechs comme Moniepoint au Nigeria exploitent les données de milliards de transactions pour accorder des crédits aux petites entreprises.   Lelapa AI en Afrique du Sud permet aux entreprises d’interagir avec leurs clients en langues africaines à une échelle sans précédent.

De plus, l’Afrique a déjà prouvé qu’elle sait adopter et adapter les technologies. En vingt ans, le continent est passé de 50 millions de comptes bancaires à plus de 600 millions de comptes d’argent mobile, grâce à des solutions innovantes comme M-Pesa. Aujourd’hui, avec la population en âge de travailler qui croît le plus vite au monde, l’Afrique a un potentiel énorme pour se positionner dans l’IA.

Des opportunités uniques, mais une action urgente

L’Afrique dispose de plusieurs avantages pour bâtir son propre écosystème d’IA. Le coût de la main-d’œuvre y est plus bas, rendant les développements moins chers. À titre d’exemple, un directeur commercial senior d’Amazon Web Services en France peut coûter jusqu’à 300 000 dollars par an, alors qu’un profil similaire coûterait beaucoup moins cher dans la plupart des pays africains.

Des géants comme Google et Nvidia l’ont compris et investissent déjà en Afrique. Ils construisent des laboratoires d’IA, financent la recherche et soutiennent les startups locales. Pourtant, les grandes entreprises africaines restent encore trop absentes de cette révolution. Les télécoms africaines, qui possèdent d’immenses bases de données, pourraient pourtant s’associer à ces startups pour développer des solutions locales et adaptées.

Les gouvernements doivent classer l’IA parmi les secteurs stratégiques, adopter des lois sur la protection des données, et investir dans l’énergie, les centres de données et l’éducation technologique. L’Afrique ne doit pas se contenter d’être un marché pour l’IA développée ailleurs. Elle doit produire ses propres solutions, créer ses propres champions et garantir sa souveraineté technologique. Les grandes entreprises africaines doivent s’impliquer en soutenant les startups, tout en développant des partenariats avec les innovateurs locaux.

L’enjeu dépasse la simple création d’entreprises. Il s’agit de l’avenir de l’Afrique dans l’économie numérique mondiale. Le continent a tout pour réussir, mais il doit agir maintenant pour ne pas être laissé pour compte.

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