Le Niger annonce son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie

Par: Widad WAHBI

Dans une décision reflétant une prise de distance croissante vis-à-vis de l’influence française en Afrique, les autorités du Niger ont annoncé leur retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Cette annonce a été faite à travers un communiqué officiel adressé aux missions diplomatiques et signé par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lawali Labbo. Le document indique que « le Niger a souverainement décidé de se retirer de l’Organisation internationale de la Francophonie ».

L’OIF, qui regroupe les États et gouvernements partageant l’usage du français, avait suspendu la participation du Niger à ses activités après le coup d’État du 26 juillet 2023. Elle avait également exhorté la junte au pouvoir à libérer l’ancien président Mohamed Bazoum et à restaurer un régime civil.

En décembre dernier, le gouvernement militaire nigérien avait déjà suspendu toute coopération avec l’organisation, l’accusant d’être « un instrument au service des intérêts français », et non un cadre de coopération culturelle entre États partageant une langue commune.

Le retrait du Niger de l’OIF s’inscrit dans une série de mesures prises par la junte pour affirmer son émancipation de l’influence française. Parmi ces actions figurent le changement de noms de certaines artères et places publiques, jusqu’alors associées à des figures historiques françaises, en faveur de personnalités nationales et africaines.

En octobre 2024, les autorités nigériennes ont ainsi renommé l’avenue Charles de Gaulle, située au cœur de Niamey, en « avenue Djibo Bakary », du nom d’un leader de l’indépendance. De même, la « Place de la Francophonie » a été rebaptisée « Place de l’Alliance des États du Sahel », une coalition regroupant le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Le centre culturel français a quant à lui été renommé en hommage à Mustapha Alassane, figure emblématique du cinéma nigérien.

Lors de ces changements symboliques, le porte-parole du gouvernement militaire, le colonel Amadou Abderrahmane, avait justifié ces décisions en affirmant que « ces noms rappelaient une période d’oppression coloniale subie par le peuple nigérien ».

Selon Auria Vandy Weghe, porte-parole de l’OIF, le Burkina Faso aurait pris une décision similaire à celle du Niger et le Mali pourrait suivre prochainement.

« Les trois États membres de l’Alliance des États du Sahel affichent ouvertement leur volonté de s’éloigner de la France », a-t-elle déclaré. Toutefois, les autorités burkinabées n’ont pas encore publié de communiqué officiel confirmant cette décision. Quant au Mali, une déclaration officielle pourrait intervenir dans les prochains jours.

Fondée en 1970, l’Organisation internationale de la Francophonie regroupe 93 États et gouvernements et a son siège à Paris. Elle a pour mission de promouvoir la langue française, de renforcer la diversité culturelle et linguistique, et de soutenir la coopération entre ses membres.

L’organisation met également en avant son engagement en faveur de la paix, de la démocratie, du respect des droits humains, ainsi que du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Son personnel, composé de 300 employés, est réparti entre le siège parisien et plusieurs bureaux à travers le monde, notamment en Afrique.

Le départ du Niger, et possiblement d’autres États sahéliens, constitue ainsi un défi majeur pour l’OIF, qui voit son influence s’éroder dans une région historiquement liée à la francophonie.