Exonération fiscale pour les journalistes dans le projet de loi de finance 2025

Anatche Saidou Abdramane,

correspondant Africa Eye, Niger.

Le gouvernement nigérien a adopté en conseil des ministres le projet de loi de finance pour l’année budgétaire 2025, marquant ainsi un tournant significatif avec des mesures destinées à stimuler l’économie du pays. L’un des faits marquant de cette réforme est la décision d’alléger le fardeau fiscal pesant sur les professionnels de la presse privée. Cette décision intervient à un moment où la presse nigérienne traverse une crise sans précédent, exacerbée par les sanctions économiques de la CEDEAO ainsi que d’autres difficultés d’ordre structurel.

Le projet de loi de finance pour 2025 prévoit un budget équilibré en ressources et en charges à hauteur de 3 033,33 milliards de francs CFA, contre 2 913,06 milliards de francs CFA en 2024. Ce budget, adopté par le Conseil des ministres, permettra au gouvernement dirigé SE Ali Lamine Zeine d’accélérer la croissance économique du pays grâce à des réformes fiscales et à une gestion rigoureuse des finances publiques.

Revenons à la presse nigérienne, depuis plusieurs années, la presse nigérienne fait face à de nombreux défis. La crise économique, amplifiée par les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), a entraîné une baisse significative des revenus publicitaires, fait grimper le prix du papier de journal, ce qui a gravement affecté la viabilité économique des médias. De nombreux organes de presse, en particulier les médias privés, ont vu leurs activités réduites, avec des fermetures de bureaux et des licenciements massifs.

Cette mauvaise situation que vit la presse nigérienne est aussi marquée par une précarité croissante des journalistes, confrontés à des retards de paiement et à des conditions de travail dégradées. Plusieurs médias ont dû revoir à la baisse le nombre de tirage de leur exemplaire, passant de 2500 avant les sanctions à 500 pour certains. On dénombre également de nombreux licenciements et une suspension momentanée de certaines émissions dans la journée.

Face à cette situation, le gouvernement a mis en place un Comité d’appui pour aider les médias privés à surmonter les difficultés. Ce comité, chargé de la distribution de subventions et de l’accompagnement technique, s’inscrit dans une stratégie plus large de soutien à la liberté de la presse et au pluralisme médiatique.

L’idée d’une exonération fiscale des journalistes émane sûrement des conclusions des travaux de ce comité ad hoc. Le fait de supprimer l’impôt sur les revenus des professionnels des médias, va donner un nouveau souffle à la presse nigérienne, et lui permettra de réinvestir dans la production de contenu de qualité et de maintenir son indépendance face aux pressions économiques.

Par ces actions, le gouvernement de transition montre sa volonté de soutenir le secteur de la presse privée, afin de lui garantir une indépendance totale et de le préserver de la prédation que constituent certains financements malveillants venus de l’extérieur.

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