Dette africaine : 2025 l’année du changement ?

Rédaction: Rahime Diallo, à Dakar

L’Afrique fait face à une crise de la dette qui freine son développement. Mais 2025 pourrait être l’année du tournant. L’Union africaine (UA) l’a désignée comme l’Année des réparations. Le pape a proclamé une « année jubilaire », où l’annulation des dettes est encouragée.

Enfin, l’ONU prévoit une réforme du système financier mondial lors d’un sommet important à Séville  en juin-juillet 2025. Ces événements ouvrent une opportunité unique pour repenser la dette africaine et la gestion financière mondiale.

Un système injuste qui étrangle l’Afrique

Aujourd’hui, la majorité des pays africains paient plus pour rembourser leur dette que pour financer la santé ou l’éducation. En 2024, ces remboursements ont atteint 60 milliards de dollars, une somme qui aurait pu servir à construire des écoles, des hôpitaux ou renforcer la lutte contre le changement climatique.

Mais le problème ne vient pas seulement de la dette elle-même, c’est le système qui est injuste. Les institutions financières comme le FMI, créées à l’époque coloniale, imposent des taux d’intérêt exorbitants aux pays africains : 9,8 % en moyenne, contre 0,8 % pour des pays riches comme l’Allemagne. En clair, l’Afrique paie dix fois plus cher pour emprunter, une situation déplorable.

De plus, les grandes puissances polluantes ont une dette climatique envers l’Afrique. Selon une étude de Fanning et Hickel, elles devraient verser 1 400 milliards de dollars par an aux pays africains pour compenser les dégâts causés par le changement climatique. C’est 50 fois plus que la dette actuelle des pays africains à faible revenu !

2025 : une chance unique de renverser la balance

Face à cette injustice, des solutions existent. L’UA et les Nations unies proposent de transférer la gestion de la dette à un organisme plus représentatif, en créant une Convention-cadre de l’ONU sur la dette souveraine. Cela permettrait d’annuler une partie des dettes qui freinent le développement, d’instaurer des règles justes pour éviter de nouvelles crises et enfin assurer des prêts transparents et responsables.

Le sommet de l’UA de ce mois de février et la conférence de Séville en juillet seront des moments clés pour pousser ces réformes. Mais l’Afrique doit parler d’une seule voix car l’enjeu dépasse la simple annulation de dettes : il s’agit de reprendre le contrôle sur son avenir financier, pour un système plus juste.

 

 

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