Beauté au Maroc : les mains africaines qui changent le visage de l’esthétique
Reportage : Widad wahbi
Elles sont là, discrètes mais bien présentes, dans les artères de Casablanca, les ruelles de Marrakech, les boulevards de Rabat, les quartiers populaires de Tanger ou les avenues commerçantes de Fès. Elles coiffent, tressent, vernissent, maquillent. Elles installent peu à peu leur empreinte sur le paysage esthétique du Maroc. Leur origine ? L’Afrique subsaharienne. Leur moteur ? L’audace, le talent, et une envie farouche de construire un avenir meilleur.
Depuis plusieurs années, une nouvelle vague migratoire féminine s’inscrit dans la réalité sociale marocaine. Contrairement aux images habituelles associées à la migration, ces femmes ne passent pas inaperçues. Elles sont visibles, actives, créatrices. Et c’est dans les métiers de la beauté qu’elles ont trouvé l’un de leurs espaces d’expression les plus puissants.
À travers tout le pays, des petits salons spécialisés dans les tresses africaines, les soins capillaires naturels, la pose de faux cils, ou encore le nail art ultra-créatif ont vu le jour. Souvent ouverts avec peu de moyens, ils se distinguent par la précision du geste, la rigueur du travail, et une attention particulière au détail. Cette qualité attire une clientèle marocaine fidèle et croissante, sensible à l’originalité de l’approche et à la richesse des inspirations culturelles.
L’esthétique qu’elles proposent n’est pas une simple prestation technique : c’est un langage. Ces femmes introduisent de nouvelles formes de beauté, loin des standards classiques ou occidentalisés. Elles valorisent les textures naturelles, osent les couleurs vives, subliment des styles qui étaient jusqu’ici peu représentés dans les espaces grand public. Leur influence dépasse les salons. Elle se propage sur les réseaux sociaux, dans les rues, dans les mentalités.
Ce phénomène n’est ni marginal ni temporaire. Il témoigne d’un changement structurel dans les rapports culturels, économiques et sociaux entre le Maroc et ses voisins du sud. Le pays, historiquement carrefour migratoire, voit aujourd’hui émerger une dynamique où les femmes africaines ne sont pas seulement en quête d’intégration, mais deviennent actrices de transformation.
Cependant, leur parcours reste semé d’obstacles. Beaucoup évoluent dans la précarité administrative. L’accès aux papiers, aux droits sociaux, aux financements, à la formation ou à la reconnaissance légale de leur activité demeure un défi. Certaines exercent dans des conditions difficiles, avec un statut informel qui les expose à toutes sortes de pressions, y compris des discriminations parfois ouvertes.
Malgré cela, elles tiennent bon. Leur résilience est frappante. Beaucoup apprennent à gérer un salon, à fidéliser une clientèle, à s’adapter aux contraintes locales tout en gardant leur identité professionnelle. Certaines forment d’autres femmes, créent des réseaux de solidarité, mutualisent les loyers, échangent des conseils juridiques ou financiers.
Dans les rues de Tanger comme dans les marchés de Casablanca, dans les salons d’Agadir comme dans ceux de Salé, leur présence est un marqueur de transformation. Elles ne demandent ni pitié, ni exception. Elles demandent simplement qu’on reconnaisse leur contribution. Car elles font partie intégrante du tissu économique et social marocain.
Et leur impact ne se mesure pas uniquement en dirhams. Il se mesure dans les regards confiants des clientes, dans la valorisation des styles afro, dans la diversité désormais visible dans les vitrines. Elles participent à redéfinir ce que signifie être belle, élégante, féminine au Maroc aujourd’hui.
Dans un contexte où la migration est trop souvent réduite à des chiffres ou à des peurs, ces femmes racontent une autre histoire. Une histoire faite de travail, de savoir-faire, d’échange culturel et de dignité. Une histoire qui mérite d’être entendue.
Le Maroc, pays d’accueil mais aussi d’opportunités, gagnerait à mieux encadrer ce phénomène, à faciliter la régularisation des métiers de la beauté, à promouvoir une véritable inclusion économique. Car si l’on veut construire une société plus équitable et plus riche de ses diversités, il faudra aussi reconnaître celles qui, chaque jour, dans les quartiers de nos villes, subliment le quotidien avec un peigne, un vernis, ou un simple sourire.
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