Zimbabwé : Harare verse des compensations aux fermiers blancs, en guise de clin d’œil à l’Occident

Rédaction : Widad WAHBI

Le gouvernement du Zimbabwe a annoncé avoir commencé le versement de compensations financières aux agriculteurs blancs expropriés au début des années 2000, dans le cadre d’une réforme agraire qui avait suscité une vive controverse à l’international. Cette démarche s’inscrit dans un effort plus large visant à réhabiliter les relations diplomatiques et économiques du pays avec les puissances occidentales.

Selon l’Agence Associated Press, le ministre des Finances Mthuli Ncube a indiqué que le gouvernement a autorisé un paiement initial de 3,1 millions de dollars, représentant environ 1 % du montant total des compensations prévues, estimé à 311 millions de dollars. Ce premier versement concerne 378 exploitations agricoles sur un total de 740 validées jusqu’à présent.

Environ 4 000 agriculteurs blancs avaient perdu leurs terres et leurs logements dans le cadre du programme de redistribution foncière lancé en 2000 par l’ancien président Robert Mugabe, justifié à l’époque comme une mesure corrective face aux inégalités foncières héritées de la période coloniale.

Le nouveau dispositif prévoit que les agriculteurs concernés recevront une partie de leurs indemnités en espèces, le solde étant réglé par le biais d’obligations du Trésor. Par ailleurs, un paiement séparé de 20 millions de dollars a été effectué en février en faveur de plusieurs agriculteurs étrangers originaires notamment du Danemark, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Suisse et de pays d’Europe de l’Est, dont les biens étaient protégés par des accords bilatéraux.

Cette initiative entre dans le cadre d’une stratégie plus large dite de « réengagement international », adoptée par Harare afin de lever les sanctions économiques imposées depuis des années par les États-Unis et d’autres pays occidentaux.

Le président Emmerson Mnangagwa a affiché récemment des signes d’ouverture envers les États-Unis, notamment en apportant son soutien à certaines politiques du président Donald Trump, comme la lutte contre l’immigration illégale ou l’instauration de droits de douane élevés. Mnangagwa s’est même engagé à supprimer les taxes sur les produits américains importés.

Dans ce contexte, la décision américaine de suspendre les aides à l’Afrique du Sud en février dernier, en réaction à une réforme foncière jugée discriminatoire par l’administration Trump, semble avoir été un signal important pour Harare, ambitionnant de se repositionner en tant que partenaire économique fiable sur la scène internationale.

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