L’Afrique, nouveau terrain de jeu géopolitique : la progression silencieuse mais stratégique de la Russie

Rédaction: Africa Eye

Alors que l’Occident réduit progressivement son empreinte sur le continent africain, la Russie, elle, avance méthodiquement. Moins spectaculaire mais plus stratégique, sa progression redéfinit les rapports de force, en particulier dans des régions naguère perçues comme des bastions de l’influence française ou américaine. L’Afrique, longtemps marginalisée dans les dynamiques mondiales, s’impose désormais comme une arène géopolitique majeure, où Moscou entend s’installer durablement.

La région du Sahel incarne parfaitement cette bascule. En quelques années, des pays comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, tous secoués par des coups d’État et une rupture avec leurs anciens partenaires occidentaux, ont formé une alliance militaire inédite : l’Alliance des États du Sahel. Cette dernière s’est rapidement tournée vers Moscou, concluant des accords sécuritaires et lançant une force conjointe de 5 000 hommes. Ce réalignement traduit l’émergence d’un nouvel axe stratégique centré autour d’intérêts partagés avec la Russie.

Derrière cette dynamique se trouve un acteur clé : le groupe paramilitaire Wagner. Présente dans plusieurs pays africains, cette entité officieuse agit comme un prolongement de l’influence russe, fournissant formations militaires, équipements et soutien aux régimes isolés ou fragiles. Loin des canaux diplomatiques classiques, Wagner s’impose comme un outil de stabilisation — ou d’influence — selon les lectures.

La stratégie russe dépasse toutefois le seul champ militaire. Sur le plan diplomatique, des visites ciblées, comme celle de Sergueï Lavrov en Mauritanie en 2023, marquent la volonté de tisser des liens avec des pays traditionnellement proches de l’Occident. Si certains États, à l’image de Nouakchott, demeurent prudents, le discours anti-hégémonique de Moscou trouve un écho croissant dans plusieurs capitales africaines.

Par ailleurs, la Russie cherche à se positionner comme un partenaire économique et politique fiable. Des sommets comme celui de Sotchi, placé sous le signe d’une coopération « d’égal à égal », illustrent cette volonté de proposer une alternative crédible aux modèles occidentaux, en insistant sur le respect de la souveraineté et l’absence de conditionnalité.

Ce repositionnement discret mais profond pourrait bien transformer durablement les équilibres géopolitiques du Sud global. Alors que les États-Unis et l’Union européenne se concentrent sur d’autres priorités, la Russie capitalise sur les vides laissés pour installer un réseau d’influence résilient. Si cette stratégie se poursuit, elle pourrait marquer l’entrée de l’Afrique dans une nouvelle ère, où les lignes d’alliance sont redessinées et les cartes du pouvoir largement rebattues.

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