Des lutteurs ougandais transforment la boue en phénomène mondial

Rédaction : Reda El Ghazal

En Ouganda, une poignée de jeunes redéfinissent les codes du catch professionnel en s’affrontant dans une arène de boue, loin des projecteurs traditionnels. Sous le nom de ‘Soft Ground Wrestling’ (SGW), ce spectacle atypique né dans la périphérie de Kampala a conquis des millions d’adeptes sur les réseaux sociaux, cumulant plus de 500 millions de vues. Faute de moyens, le fondateur Daniel Bumba, alias Bumbash, a imaginé un ring éphémère avec des bambous et de l’argile, créant une identité visuelle brute qui séduit aujourd’hui jusqu’aux géants américains de la discipline.

Portés par cette notoriété inattendue, les lutteurs de la SGW, souvent issus de milieux défavorisés, voient dans ce sport un échappatoire à la précarité. Jordan Loverine, 23 ans, ou Lamono Evelyn, alias Zampi, racontent comment le catch leur a offert une famille et un but après avoir quitté l’école. Entraînés sous le soleil ou la pluie, dormant dans des dortoirs précaires, ces jeunes de moins de 25 ans partagent un rêve commun : transcender leur condition grâce à leur talent, malgré l’absence de salaire et le manque d’équipements de sécurité.

Malgré ces obstacles, la détermination reste intacte. Bumbash, ancien commentateur passionné, consacre l’essentiel de ses revenus de présentateur télé à soutenir le groupe, assumant un rôle de figure paternelle. Les blessures, fréquentes et parfois graves, rappellent les risques de cette discipline improvisée. « Un jeune se brise un os presque chaque mois », confie-t-il, évoquant le besoin urgent de trousses de premiers secours et de protections adaptées.

Pourtant, l’espoir persiste. L’attention médiatique a permis à la SGW de recevoir un ring professionnel offert par la star de la WWE Cody Rhodes, symbole d’une reconnaissance internationale. Mais les lutteurs tiennent à préserver leur héritage : « La boue, c’est notre âme africaine », insiste Zampi. Aujourd’hui, Bumbash rêve de pérenniser l’aventure en achetant le terrain où s’entraînent ses protégés, pour y construire des infrastructures dignes et exporter leur art hors des frontières.

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