Kenya : prolongation de l’enquête visant quatre cinéastes arrêtés après un documentaire sensible

Rédaction: Widad WAHBI

Un tribunal kényan a prolongé, hier mercredi, l’enquête menée contre quatre cinéastes indépendants accusés de diffusion de « fausses informations », après leur arrestation début mai à Nairobi. Ces interpellations sont intervenues dans le sillage de la diffusion d’un documentaire produit par la BBC sur la répression meurtrière des manifestations anti-gouvernementales de juin et juillet 2024.

Nicholas Wambugu Gichuki, Brian Adagala, Mark Karubiu et Chris Wamae, bien que remis en liberté sous caution, font toujours l’objet d’investigations des autorités judiciaires, qui soupçonnent leur implication dans une tentative présumée de manipulation de l’information. Toutefois, la BBC a formellement nié que ces quatre professionnels aient participé à la production de son documentaire intitulé Blood Parliament, visionné plus de sept millions de fois sur YouTube.

Le film, qui accuse les forces de l’ordre d’avoir tiré à balles réelles sur des manifestants, revient sur un épisode sombre où au moins 60 personnes auraient été tuées dans les rues kényanes, en marge d’un mouvement de contestation contre une réforme fiscale controversée portée par le gouvernement du président William Ruto. Des ONG locales et internationales font aussi état d’enlèvements et de détentions arbitraires touchant plusieurs dizaines de personnes, dont certaines sont toujours portées disparues.

Lors de l’audience, la justice a accordé aux procureurs un délai jusqu’au 16 juin pour compléter leurs investigations, tout en interdisant toute nouvelle arrestation ou inculpation des intéressés avant cette date. Deux des cinéastes ont par ailleurs affirmé que leurs équipements électroniques, dont ordinateurs et disques durs, avaient été confisqués, et que des agents les avaient interrogés sur de supposées activités hostiles au gouvernement.

Face à cette situation, le Police Reforms Working Group – une coalition d’organisations de défense des droits humains – a appelé les autorités à recentrer leurs efforts sur l’identification et la poursuite des responsables des violences documentées dans le film, estimant que tel est le véritable enjeu d’intérêt public.

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