Le géant botswanais du diamant réduit drastiquement sa production face à la chute de la demande mondiale

Rédaction:Fatima Babadin

Debswana, principal producteur de diamants du Botswana et coentreprise entre le gouvernement botswanais et le groupe De Beers, vient d’annoncer une réduction majeure de ses activités extractives. Confrontée à une baisse prolongée de la demande sur le marché mondial, l’entreprise a suspendu pour une durée de trois mois l’exploitation de ses deux principales mines, Jwaneng et Orapa. Cette décision fait suite à un effondrement de près de 50 % de son chiffre d’affaires en 2024, sous l’effet combiné du ralentissement de la consommation mondiale, de droits de douane américains pénalisants et de la concurrence accrue des diamants de synthèse.

Cette réduction de production, estimée à environ 40 % (soit 15 millions de carats sur l’année), représente un choc pour l’économie botswanaise, toujours fortement dépendante de son secteur minier. Le diamant contribue à près d’un quart du produit intérieur brut (PIB) et génère environ 75 % des recettes en devises du pays.

A lui seul, Debswana assure environ 90 % des ventes nationales de diamants. Malgré les efforts engagés depuis plusieurs années pour diversifier l’économie vers des secteurs tels que le tourisme, les services financiers ou l’exploitation de métaux comme le cuivre, cette dépendance structurelle au diamant reste marquée.

Les conséquences économiques de cette contraction sont d’ores et déjà perceptibles. Selon un haut responsable du ministère des Finances, les prévisions de croissance pour 2025 ont été revues à la baisse et se rapprochent désormais de zéro. Sur le plan social, Debswana affirme vouloir éviter les licenciements contraints en privilégiant les départs volontaires. L’entreprise s’efforce également de rationaliser ses coûts opérationnels, en particulier dans le domaine de l’énergie, afin de maintenir sa résilience face à la conjoncture défavorable.

Dans un marché en mutation, Debswana entend ainsi adopter une stratégie prudente, misant sur la maîtrise de ses charges et la préservation de ses capacités pour rester compétitive à moyen et long terme.

La situation actuelle agit comme un signal d’alarme pour l’économie botswanaise, dont la dépendance aux revenus diamantifères la rend vulnérable aux chocs externes. Au-delà de la gestion conjoncturelle, cette crise souligne la nécessité d’accélérer une diversification économique encore inaboutie. Sans une restructuration stratégique, le pays risque de voir son modèle fondé sur une rente minière s’éroder face à l’évolution des marchés mondiaux et des technologies.

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