Rupture politique : le Rwanda claque la porte de la CEEAC sur fond de tensions avec la RDC

Rédaction: Widad WAHBI

Dans une décision retentissante aux répercussions diplomatiques régionales, le Rwanda a officiellement annoncé son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), accusant l’organisation de favoriser ouvertement la République démocratique du Congo (RDC) au détriment des principes d’impartialité et de coopération régionale.

Le contexte de cette rupture s’inscrit dans l’escalade du conflit dans l’est de la RDC, où les rebelles du M23 ont intensifié leurs offensives depuis janvier, occupant plusieurs villes stratégiques. Des experts onusiens et américains attribuent à Kigali un soutien logistique et militaire à ce mouvement, une accusation que les autorités rwandaises nient mais qui alimente de vives tensions avec Kinshasa. Certaines capitales, notamment Bruxelles, ancienne puissance coloniale de la région, dénoncent publiquement ce soutien présumé.

Le point de bascule semble avoir été atteint lors du 26e Sommet ordinaire de la CEEAC, tenu samedi à Malabo, où le mandat du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a été prolongé à la tête de l’organisation pour une année supplémentaire. Le Rwanda, qui devait assurer la présidence tournante, s’est vu écarté, ce que Kigali qualifie de « violation délibérée » de ses droits au sein de l’organisation.

« Le Rwanda déplore l’instrumentalisation manifeste de la CEEAC par la RDC, avec le soutien tacite de certains États membres », a affirmé le ministère rwandais des Affaires étrangères dans un communiqué cinglant. Le texte évoque une dérive inquiétante qui, selon Kigali, discrédite l’utilité même de l’organisation. « Il est inconcevable de rester membre d’un bloc régional qui s’écarte de ses propres principes fondateurs », ajoute le document.

Selon un commissaire de la CEEAC ayant requis l’anonymat, les tensions étaient palpables en coulisses : « Le ministre congolais a clairement exprimé qu’en cas de présidence rwandaise, la RDC ne participerait plus à aucune activité organisée à Kigali. Le Burundi partage apparemment cette position. »

Sur la plateforme X (anciennement Twitter), le ministre rwandais Olivier Nduhungirehe a dénoncé une campagne de dénigrement orchestrée par Kinshasa dans les instances internationales. « La RDC ne cesse de rejeter la faute de ses propres dérives sur le Rwanda, tout en exigeant des sanctions absurdes à notre encontre », a-t-il écrit.

Pourtant, des discussions diplomatiques sont en cours : les présidents Paul Kagame et Félix Tshisekedi se sont rencontrés en mars au Qatar pour explorer la voie d’un cessez-le-feu. Des pourparlers parallèles sont également facilités par les États-Unis. Mais la décision de Kigali de quitter la CEEAC marque un tournant inquiétant pour la stabilité de la sous-région et l’avenir de la coopération multilatérale dans un espace déjà fragilisé par les conflits persistants.

Whatsapp Suivez les dernières nouvelles sur WhatsApp Telegram Suivez les dernières nouvelles sur Telegram Google Actualités Suivez les dernières nouvelles sur Google News Nabd Suivez les dernières nouvelles sur Nabd