Angola post-conflit : une paix sans retour pour des milliers de réfugiés

Rédaction : Widad WAHBI

Plus de vingt ans après la fin de la guerre civile angolaise, des dizaines de milliers de réfugiés vivent encore dans l’ombre, relégués aux marges des sociétés d’accueil en République démocratique du Congo, en Zambie et dans d’autres pays d’Afrique australe. Si les armes se sont tues en 2002, les séquelles humaines, elles, continuent de parler à voix basse, dans les camps, les hameaux isolés et les ruelles anonymes des villes frontalières.

Privés de statut juridique, souvent sans accès aux soins, à l’éducation ou à un emploi stable, ces exilés forment une population suspendue entre deux mondes : celui d’un passé ravagé par la guerre, et celui d’un futur toujours hors de portée. Le retour au pays, présenté comme une solution, se heurte à une réalité bien plus brutale : insécurité foncière, rejet social, absence de mécanismes de réintégration. Pour beaucoup, rentrer, c’est affronter l’inconnu – ou pire, la marginalisation sur leur propre terre.

Le sort de ces réfugiés, pourtant dramatique, demeure largement ignoré. Ni les projecteurs des grands médias, ni les priorités diplomatiques de la région ne semblent vouloir s’attarder sur cette blessure silencieuse. La « fatigue humanitaire » gagne du terrain, tandis que les États hôtes encouragent des retours « volontaires » dépourvus de garanties minimales de sécurité et de dignité. En Angola, les politiques de réintégration se font rares, les moyens investis dans la réinsertion durable encore plus.

Ce silence collectif, ce désintérêt persistant, n’est pas anodin. Il traduit une forme d’effacement de mémoire : celle des exilés, des enfants nés en dehors du pays de leurs parents, des femmes et des hommes qui ont survécu à la guerre mais restent prisonniers de ses conséquences.

Reconnaître leur existence, c’est rappeler que la reconstruction ne se mesure pas seulement à l’aune du développement économique, des infrastructures ou des ressources naturelles. Elle exige aussi un devoir de justice, une mémoire partagée, et une volonté politique d’embrasser ceux que la paix n’a jamais vraiment retrouvés.

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