Stop à l’indifférence : nos enfants méritent mieux que le petit commerce dans les rues !
Rédaction : Mamadou Oury SIDIBE, Dakar
La précarité des populations exacerbée par les inégalités sociales est notoire et défavorable à une meilleure survie pour les enfants issues de familles pauvres ou en séparation parentale. D’ailleurs, environ 60% des enfants vivent dans des ménages pauvres (EDS 2018), ce qui peut impacter leur accès à l’éducation.
L’insuffisance des dispositifs de protection sociale en générale, et ceux spécifiques aux enfants en particulier ne favorise pas la pris en compte de certains enfants en besoin d’assistance et de protection adéquates. C’est l’occasion d’évoquer le retard de la Guinée dans la formation et l’emploi décent du corps des professionnels du Travail social, spécialisé dans la protection des droits de l’enfant et tant d’autres domaines.
En plus, le phénomène de migration rurale des parents et ou des enfants vers les grandes villes et particulièrement la capitale, fait appel à la contribution des enfants pour surmonter le quotidien de leur parents ou tuteurs.
Parmi les facteurs de vulnérabilité, la non application de la législation liée à la protection des enfants favorise cette situation d’exploitation des enfants notamment par le petit commerce ambulant. Le code de l’Enfant met beaucoup plus l’accent sur la protection des enfants en conflits avec la Loi ou victimes d’exploitation ou d’abus sexuels. Cependant, une grande majorité d’enfants subissent l’exploitation et la maltraitance au quotidien et devant tous sans être pris en compte. C’est bien le cas de ces enfants contraints de vendre des articles dans les marchés et rues de nos villes avec toutes les conséquences négatives et minables.
(III) Des conséquences graves
D’abord, les conséquences portent sur les préjudices causés directement aux enfants soumis d’exploitation économique, tant sur le plan physique que psychologique, ou les deux à la fois.
Au regard des conditions d’existences de ces enfants dans les rues, ils sont privés d’une alimentation saine, d’un logement décent (ils passent la majeure partie de la journée dans la rue et y dorment parfois), et sont souvent victimes de violence physique sans compter les risques d’accident de la voie publique auxquels ils sont exposés.
Ils sont également exposés aux risques sanitaires (malnutrition, maladies infectieuses et diarrhéiques et autres maladies), à l’exploitation par des réseaux criminels de trafic de stupéfiants, trafic d’enfants ou de vols et banditisme.
Témoins de toutes les scènes même les plus horribles, jour comme nuit, ces enfants pourraient grandir avec des traumatismes psychologiques et une tendance accrue à la déviance ou fléaux sociaux dont la prostitution, le viol (avec tous les risques de grossesse non désirée et de maladies sexuellement transmissibles), leur mettant sur un tableau d’insertion ou de réinsertion socio-professionnelle très difficile.
Ensuite, les conséquences sont énormes pour les parents et toute la société. Ces enfants pourraient finir par devenir un fardeau familial et social au vue du manque d’éducation et d’insertion socio-professionnelle.
En définitive, c’est tout le pays qui subit le retard en terme de développement dans le futur et des dépenses liées à la sécurité des populations face à la menace croissante du banditisme. Le phénomène très recrudescent des enfants marchands dans les rues et marchées de nos villes laisse une image sombre pour le pays et donne une lecture facile sur la place qu’occupe notre jeunesse ainsi que le niveau de protection sociale et du respect des droits des enfants.
(IV) Propositions d’actions
Rappelons que la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant (1989) dont la Guinée a signé et ratifié depuis juillet 1990, reconnait les Etats membres comme étant les premiers RESPONSABLES de la survie et du développement de l’enfant.
Elle stipule en son Article 19 que « l’Etat doit protéger l’enfant contre toutes formes de mauvais traitement perpétrés par ses parents ou par toute autre personne à qui il est confié, et il (l’Etat) établit des programmes sociaux appropriés pour prévenir les mauvais traitements et traiter les victimes ».
A son Article 32 également, il insiste sur le droit de l’enfant à la protection contre tout travail mettant en danger sa santé, son éducation ou son développement.
Pour être bref, nous devons agir tous et maintenant à travers des lois, politiques, mécanismes et la lutte contre l’impunité en faveur de ces enfants innocents.
A. Renforcer les mécanismes et dispositifs de protection sociale (et de l’enfance)
Malgré les efforts de l’Etat à travers notamment des cadres juridique, politique et institutionnel existant appuyés par quelques Organisations de la société civile et les partenaires internationaux (UNICEF, SOS Villages d’Enfants, le Centre Konkouré de Mamou /Guinée solidarité, le FITIMA, etc.), les besoins sont encore loin d’être couverts dans l’accès aux droits des enfants en général, et ceux livrés au petit commerce ambulant dans nos villes plus spécifiquement. Les services sociaux de base restent limités et les infrastructures d’accueils et d’insertion socio-professionnelles sont insuffisantes.
La formation et l’emploi des Travailleurs sociaux spécialisés dans la protection de l’enfance est indispensable pour de meilleurs résultats. Bien que le Code de l’Enfant indique clairement certains critères de nomination des chargés de l’enfance au niveau de chaque préfecture en tenant compte de ses compétences et de l’intérêt qu’ils portent aux questions de l’enfance (Article 462), force est de reconnaitre que moins de 5% de ces fonctionnaires n’ont pas bénéficié d’une formation spécialisée adéquate pour assurer leur mission.
B. Réduire la pauvreté et améliorer l’accès aux services sociaux de base
Les programmes d’autonomisation des populations par l’emploi et l’entreprenariat sont à renforcer ainsi que les activités de développement du potentiel humain, la réduction de la pauvreté et la lutte contre les inégalités sociales et économiques. Les services sociaux de base en faveurs des enfants en situation difficile doivent être accessibles tels que la gratuité des soins de santé, l’éducation et à la formation pour la réinsertion professionnelle.
C. Renforcer le cadre législatif et l’appliquer
Le droit des enfants à la protection contre l’exploitation tel que le petit commerce ambulant doit faire l’objet d’une législation appropriée suivi de mécanismes d’application efficaces et durables. Une interdiction formelle de cette pratique est imminente couplée à la sensibilisation communautaire, à l’identification et l’accompagnement des parents et enfants exposés avant toute action répressive.
La vulgarisation et la mise en œuvre effective des conventions internationales relatives aux droits de l’enfant et les textes nationaux en vigueur est une condition pour assurer le changement de mentalité et de pratiques liées à l’exploitation des enfants par le commerce dans nos cités
En somme, une action collective est imminente pour endiguer ce phénomène croissant qui entrave les droits à l’égalité et à la protection des enfants et au développement socio-économique sur le long terme. C’est en cela que l’espoir sera permis en plus des efforts conjugués de l’Etat, des Organisations de la Société civile et les partenaires internationaux intervenant dans le domaine de la protection des droits des enfants en Guinée.
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