Nigeria : Le président Tinubu rejette toute volonté d’imposer un parti unique

Rédaction : Widad WAHBI

Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a fermement nié, avant hier jeudi, toute intention de transformer le Nigeria – la plus grande démocratie d’Afrique – en un État à parti unique. Cette déclaration intervient alors que le chef de l’État est accusé de faire pression sur plusieurs figures de l’opposition pour les inciter à rejoindre le parti au pouvoir.

Ces derniers mois, plusieurs gouverneurs et parlementaires ont quitté les rangs de l’opposition pour intégrer le All Progressives Congress (APC). Un phénomène qui suscite interrogations et critiques, d’autant que le président de l’APC, Abdullahi Ganduje, a déclaré qu’il n’y aurait « rien de mal » à ce que le Nigeria devienne un État à parti unique — des propos vivement contestés par des acteurs politiques et des organisations de la société civile.

Dans son discours à l’occasion de la Journée de la démocratie, Tinubu a voulu dissiper les doutes : « Je serai la dernière personne à plaider pour l’abandon du pluralisme politique au Nigeria… »

Parallèlement, des manifestations ont eu lieu à Lagos, où des jeunes ont dénoncé la gouvernance actuelle et l’utilisation présumée des ressources publiques à des fins politiques.

Le Parti démocratique populaire (PDP) affirme que cette érosion de l’opposition est facilitée par des « appareils d’État compromis ». Son porte-parole, Debo Ologunagba, a mis en garde contre toute tentative d’instauration d’un système autoritaire.

Même au sein de la majorité présidentielle, certaines voix expriment leur inquiétude. Le sénateur Ali Ndume a estimé qu’« une domination à parti unique signe la mort de la démocratie ».

Ces tensions traduisent les défis persistants auxquels fait face la démocratie nigériane, dans un contexte où les institutions sont parfois perçues comme partiales, et où la lutte contre la corruption est régulièrement critiquée pour son manque d’impartialité.