République du Congo : le pétrole menace la biodiversité du parc de Conkouati-Douli

Rédaction : Aminata Diallo

Alors que la République du Congo ambitionne de doubler sa production pétrolière d’ici 2027, un projet controversé menace directement l’un de ses trésors écologiques les plus emblématiques : le parc national de Conkouati-Douli. En dépit des engagements pris lors de la COP28 et de son adhésion au Cadre mondial pour la biodiversité, le gouvernement a récemment octroyé des permis d’exploration à plusieurs compagnies, dont le groupe chinois Oriental Energy. Ces concessions couvrent près de 1 300 km², dont une partie empiète sur les zones strictement protégées du parc, en violation flagrante de la législation nationale qui interdit toute activité extractive dans les aires classées.

Ce revirement suscite une vive indignation au sein des milieux environnementalistes, qui y voient un dangereux recul en matière de préservation de la biodiversité. Le parc de Conkouati-Douli, d’une superficie de plus de 8 000 km², constitue un écosystème d’exception regroupant forêts côtières, mangroves et espaces marins. Il abrite des espèces menacées telles que le gorille des plaines occidentales, l’éléphant de forêt, le chimpanzé, le dauphin à bosse de l’Atlantique et la tortue imbriquée.

Au-delà de sa richesse biologique, le parc joue un rôle crucial dans la vie de près de 30 000 habitants, dont les moyens de subsistance reposent sur la pêche artisanale, l’agriculture vivrière et l’écotourisme. Plusieurs ONG, dont Greenpeace et Rainforest Rescue, appellent à l’annulation immédiate des permis, alertant sur les conséquences désastreuses que pourrait entraîner une telle exploitation pour l’environnement et les communautés locales.

La controverse met également en lumière des préoccupations plus larges liées à la gouvernance et à la transparence des revenus pétroliers. Alors que les autorités de Brazzaville affichent leur volonté de créer une compagnie nationale du gaz et de multiplier les forages offshore, des voix critiques — notamment le mouvement citoyen Sassoufit — mettent en garde contre le risque d’une captation des profits par les élites, au détriment d’un développement équitable.

Dans un contexte mondial où la transition énergétique et la préservation des écosystèmes deviennent des priorités, le Congo se retrouve à la croisée des chemins : renforcer sa dépendance aux énergies fossiles ou faire le choix courageux de préserver durablement son patrimoine naturel.

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