Berlin tente une nouvelle médiation pour sortir la Libye de l’impasse politique

Rédaction : Widad WAHBI

Une nouvelle conférence internationale sur la Libye s’est tenue vendredi dernier à Berlin, réunissant plusieurs acteurs régionaux et internationaux sous l’égide de l’ONU, dans l’espoir de raviver un processus politique enlisé depuis des années. Cette troisième édition berlinoise, organisée au niveau des ambassadeurs, intervient alors que la Libye semble reléguée au second plan sur la scène internationale, éclipsée par les conflits en Ukraine, au Soudan et à Gaza.

L’objectif de cette rencontre, qualifiée de « technique », est double : évaluer la situation sécuritaire préoccupante à Tripoli et relancer le dialogue national. La capitale libyenne est en proie à de nouvelles tensions depuis mai, exacerbant le blocage institutionnel entre les deux gouvernements rivaux.

Contrairement aux précédentes éditions de 2020 et 2021, la Russie, isolée depuis son invasion de l’Ukraine, n’a pas été conviée à Berlin 3. En revanche, étaient présents les représentants des États-Unis, de plusieurs pays européens, arabes et africains, ainsi que de l’Union africaine, de la Ligue arabe et de l’Union européenne. Le gouvernement d’union dirigé par Abdelhamid Dbeibah y a également dépêché un représentant.

L’envoyée spéciale de l’ONU pour la Libye, la Guinéenne Hannah Tétteh, mène les discussions avec l’ambition de remettre sur la table la question du dialogue national, seule voie jugée viable par les Nations unies pour sortir du blocage. Elle a déjà engagé des contacts préliminaires à Berlin et s’est rendue plus tôt cette semaine en Turquie, acteur clé du dossier libyen.

Selon des sources diplomatiques, l’ONU souhaiterait relancer les conclusions du Comité consultatif libyen, composé de vingt membres, en vue d’installer un nouvel exécutif provisoire qui remplacerait les deux gouvernements actuellement en place. Ce gouvernement de transition serait chargé de préparer des élections générales sous la supervision d’un large Conseil consultatif de 60 personnes, incluant des parlementaires, des membres du Haut Conseil d’État et des représentants de la société civile.

Ces propositions pourraient être entérinées lors de deux prochaines réunions prévues à l’ONU le 24 juin, avec pour ambition de faire adopter les résolutions issues de Berlin par le Conseil de sécurité, afin de renforcer la pression internationale sur les parties libyennes et les puissances étrangères impliquées.

Malgré ces efforts renouvelés, les précédentes conférences de Berlin ont laissé un goût amer : les engagements pris n’ont jamais été appliqués. Ni le retrait des mercenaires, ni la dissolution des milices, pourtant stipulés dans les résolutions antérieures, n’ont été mis en œuvre.

Le scepticisme demeure donc de mise. L’échec de la tenue des élections prévues en 2020, saboté en partie par Abdelhamid Dbeibah lui-même – désireux de se présenter en dépit de l’interdiction prévue par l’accord politique – a entamé la crédibilité du processus. Le maréchal Khalifa Haftar, figure incontournable de l’Est libyen, entretient également des ambitions personnelles tout en se disant favorable à un gouvernement unifié.

La Libye reste, à ce jour, sans cadre légal électoral consensuel. La loi existante est contestée, et le futur Conseil consultatif devra franchir de profondes divisions pour espérer aboutir à une transition politique crédible.

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