Algérie : 10 ans de prison requis en appel contre l’écrivain Boualem Sansal

Rédaction : Widad WAHBI

La justice algérienne a requis une peine de dix ans de prison ferme contre l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, lors de l’audience en appel qui s’est tenue le 24 juin à Alger. Le verdict est attendu pour le 1er juillet. Cette requête alourdit significativement la première condamnation, prononcée en mars dernier, qui avait infligé à l’auteur une peine de cinq ans d’emprisonnement assortie d’une amende de 500 000 dinars (environ 3 500 euros).

Poursuivi notamment pour « atteinte à l’unité nationale », Boualem Sansal fait également face à d’autres chefs d’accusation, parmi lesquels « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » ainsi que « détention de contenus menaçant la sécurité et la stabilité de l’État ». Les propos incriminés remontent à une interview accordée à un média d’extrême droite français, dans laquelle il évoquait la question frontalière entre l’Algérie et le Maroc, affirmant que certains territoires auraient historiquement appartenu au royaume chérifien avant la colonisation française.

Cette affaire suscite une vive mobilisation de part et d’autre de la Méditerranée. En France, plusieurs figures politiques, dont le Premier ministre Gabriel Attal, ont exprimé leur soutien. Le président Emmanuel Macron avait, dès janvier, appelé à la libération du romancier, aujourd’hui âgé de 80 ans, dont l’arrestation en novembre 2024 s’était inscrite dans un contexte de tensions diplomatiques accrues entre Paris et Alger.

En Algérie, des voix se sont également élevées en faveur de Boualem Sansal. L’écrivain Yasmina Khadra a publiquement plaidé en faveur de sa libération, interpellant le président Abdelmadjid Tebboune pour une issue plus clémente. Son avocat, François Zimeray, a appelé le chef de l’État à faire preuve d’« humanité », invoquant notamment l’état de santé préoccupant de son client. D’après la maison d’édition Gallimard, l’auteur a multiplié les allers-retours entre l’hôpital d’Alger et la prison de Koléa, où il est actuellement incarcéré.

Le comité de soutien de l’écrivain, présidé par le politologue Arnaud Benedetti, espère désormais une grâce présidentielle ou, à défaut, une réduction significative des réquisitions. À quelques jours du verdict, l’affaire Boualem Sansal cristallise à la fois les tensions politiques, les débats sur la liberté d’expression et les fragilités du lien franco-algérien.

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