États-Unis : huit hommes perdent leur dernier recours contre l’expulsion vers le Soudan du Sud

Rédaction : Tendai Zola

Huit hommes détenus par les autorités américaines ont vu leur ultime tentative d’échapper à l’expulsion vers le Soudan du Sud rejetée hier vendredi, malgré les inquiétudes persistantes sur les violations des droits humains dans ce pays d’Afrique orientale.

Le juge fédéral Brian Murphy, basé à Boston, a rejeté l’appel de dernière minute déposé la veille au soir. Cette procédure urgente, marquée par une intense activité judiciaire tout au long de la journée, constituait l’un des derniers espoirs des détenus.

Originaires de pays aussi divers que Cuba, le Laos, le Mexique, la Birmanie, le Vietnam et le Soudan du Sud, les huit hommes sont retenus sur une base militaire américaine à Djibouti depuis la fin mai. Un précédent vol d’expulsion avait été suspendu à la suite d’une décision judiciaire.

L’appel rejeté soutenait que l’expulsion vers le Soudan du Sud, dans un contexte de guerre civile et d’exactions documentées, équivalait à un traitement cruel et inhumain, en violation de la Constitution américaine. Le département d’État lui-même déconseille aux citoyens américains de se rendre dans ce pays, citant des risques d’exécutions extrajudiciaires, de tortures, de disparitions forcées et de violences systématiques.

Le juge Randolph Moss, initialement saisi de l’affaire à Washington, s’était montré réceptif aux arguments des avocats des détenus, suspendant temporairement les expulsions. Il a toutefois transféré l’affaire au juge Murphy, déjà impliqué dans des décisions antérieures sur ce dossier, et dont les jugements ont conduit à l’intervention de la Cour suprême.

Lors de l’audience, le juge Moss a rappelé qu’« il va de soi que le gouvernement américain ne peut exposer des êtres humains à des traitements mettant en péril leur intégrité physique, dans le seul but de les punir ou d’envoyer un message politique ».

La Cour suprême a, à deux reprises, donné raison à l’administration Trump, en levant les injonctions judiciaires qui bloquaient les expulsions. Dans sa dernière décision, rendue jeudi, elle a autorisé l’exécution immédiate des renvois, critiquant implicitement les précédentes décisions du juge Murphy.

La Maison-Blanche défend cette politique comme un pilier central de la lutte contre l’immigration clandestine. Le porte-parole du Département de la sécurité intérieure a qualifié les huit individus de « criminels violents et barbares », affirmant qu’ils avaient été condamnés pour des crimes graves tels que meurtre, vol à main armée et agressions sexuelles.

« Ces dégénérés seront au Soudan du Sud d’ici le Jour de l’Indépendance », a déclaré Tricia McLaughlin, porte-parole du ministère, dans un communiqué incendiaire diffusé jeudi.

L’affaire soulève une fois de plus la question de l’équilibre entre les impératifs sécuritaires mis en avant par l’administration Trump et le respect des droits fondamentaux des migrants. Pour les défenseurs des droits humains, cette expulsion – vers un pays en guerre – s’apparente à une mise en danger délibérée, voire à une stratégie punitive.

Alors que les expulsions devraient être exécutées dans les prochaines heures, l’affaire continue de susciter des réactions vives au sein de la communauté juridique et des organisations de défense des droits humains, aux États-Unis comme à l’international.

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