Ouganda : la sorcellerie dans l’ombre du pouvoir politique
Rédaction : Widad WAHBI
En Ouganda, à l’approche des échéances électorales, la frontière entre sphère spirituelle et stratégies politiques semble s’effacer. Derrière les discours officiels et les engagements religieux, un phénomène persistant continue de façonner les dynamiques du pouvoir : le recours, souvent discret, aux pratiques occultes.
Selon de nombreux témoignages, une part significative de la classe politique ougandaise solliciterait les services de guérisseurs traditionnels ou de sorciers pour renforcer leur influence, obtenir des protections symboliques, ou même tenter de nuire à leurs adversaires. Ce climat de défiance, nourri par la peur de la sorcellerie, pousse certains candidats à adopter des comportements superstitieux, tels que l’évitement des poignées de main.
Rose Mukite, guérisseuse traditionnelle établie à Kampala, l’admet sans détour :« En cette période de campagne, beaucoup viennent me consulter. Je leur prépare des remèdes pour favoriser leur victoire et neutraliser l’adversaire. »
Cette quête de pouvoir par des voies ésotériques cohabite avec une forte religiosité chrétienne, majoritaire dans le pays. Le paradoxe est assumé ; nombreux sont les fidèles qui, tout en assistant régulièrement aux offices religieux, fréquentent en parallèle des sanctuaires traditionnels. Pour Steven Masiga, chercheur spécialiste des comportements électoraux, cette ambivalence révèle une incertitude politique généralisée : « Lors des élections, personne n’est jamais sûr du résultat. Il est probable que même les élites politiques aient, dans l’ombre, leurs propres réseaux auprès de ces praticiens. »
Face à cette réalité, les responsables religieux s’alarment et dénoncent une incompatibilité profonde entre christianisme et recours à la magie. Peace Khalayi, candidate au Parlement, se veut catégorique : « Je ne crois pas aux raccourcis occultes pour surpasser mes rivaux. Je prie, je jeûne, je m’en remets à Dieu. C’est ma foi qui me guide. »
Pourtant, cette tension entre modernité religieuse et traditions spirituelles reste vive. Même au sommet de l’État, le président Yoweri Museveni – au pouvoir depuis près de quarante ans – a déjà exprimé son respect pour les guérisseurs africains, soulignant leur rôle culturel et symbolique dans la société.
En Ouganda, l’exercice du pouvoir ne relève donc pas uniquement des urnes ou des discours politiques. Il plonge aussi, pour certains, dans les eaux profondes de l’invisible – là où se jouent d’autres formes de légitimation.
-
Burundi : Les 1 600 milliards de BIF perdus chaque année
Rédaction : Salma KarmassLe ministre des Finances, Nestor Ntahontuye, a récemment révélé qu’en raison de la non-utilisation des machines de... Économie -
Les pourparlers entre Kinshasa et le M23 à Doha retardés par des désaccords sur l’échange de prisonniers
Rédaction: Widad WAHBI Les discussions entre le gouvernement de la République démocratique du Congo et le groupe armé du M23 connaissent... Coopération régionale et internationale -
Bénin : la plateforme “My Afro Origins” consacre le droit à la citoyenneté des Afro-descendants
Rédaction : Salma karmass Le Bénin a franchi un cap symbolique et politique avec le lancement officiel, le mois dernier à... Afrique de l'Ouest - Sahel -
Six morts dans un accident d’avion médical au Kenya
Rédaction : Omar Kadi Un avion léger appartenant à une organisation médicale humanitaire s’est écrasé jeudi dans un quartier résidentiel de... Afrique de l'Est - Corne d’Afrique -
Maroc : affluence record des Marocains de l’étranger dans le cadre de l’opération Marhaba 2025
Rédaction: Safae FathiLa Fondation Mohammed V pour la Solidarité a annoncé que l’opération Marhaba 2025 enregistre une affluence sans précédent... Société -
En Tunisie, 28 plages interdites à la baignade en raison de la pollution
Rédaction : Aminata Diallo La saison estivale bat son plein en Tunisie, mais de nombreux vacanciers doivent renoncer à leur lieu... Société