Côte d’Ivoire : la justice confirme deux ans de prison pour un enseignant syndicaliste

Rédaction : Aminata Diallo

La cour d’appel d’Abidjan a confirmé la condamnation à deux ans de prison ferme de Ghislain Duggary Assy, syndicaliste enseignant, pour avoir lancé un mot d’ordre de grève en faveur d’une prime d’incitation.

La décision est tombée ce mercredi 16 juillet. La cour d’appel d’Abidjan a validé en seconde instance la peine de deux ans de prison ferme infligée à Ghislain Duggary Assy, enseignant et responsable syndical, poursuivi pour avoir « entravé le fonctionnement du service public » en appelant à une grève au sein d’un établissement scolaire. Il ressort néanmoins libre de l’audience, la peine n’étant pas assortie d’un mandat de dépôt.

L’affaire remonte au mois d’avril, lorsque plusieurs syndicats du secteur de l’éducation avaient réclamé le versement d’une prime d’incitation trimestrielle. Le mot d’ordre de grève lancé début avril avait été suivi, selon les syndicats, à hauteur de 80 % à l’échelle nationale.

Arrêté le 3 avril, Ghislain Assy avait été condamné en première instance le 8 avril. Il a ensuite bénéficié d’une liberté provisoire en mai, avant l’examen de son appel. Il affirme avoir été interpellé dans des conditions brutales par une dizaine d’hommes armés, qualifiant son arrestation d’« enlèvement » ayant traumatisé sa famille.

À la sortie de l’audience, le syndicaliste a exprimé à la fois son soulagement de retrouver les siens et son amertume quant à l’état des libertés syndicales en Côte d’Ivoire. « Je retourne libre auprès de ma famille, c’est déjà bénéfique. Mais c’est déplorable qu’on ne respecte pas notre liberté syndicale », a-t-il déclaré à la presse.

Ses avocats ont annoncé leur intention de se pourvoir en cassation, dénonçant une atteinte grave aux droits syndicaux. « Nous ne pouvons pas accepter qu’un syndicaliste reconnu soit condamné à vingt-quatre mois de prison pour avoir simplement distribué un mot d’ordre de grève », a déclaré l’un d’eux, Me Léon Paul Boto.

En 2022, une trêve sociale avait été conclue entre l’État ivoirien et les principales centrales syndicales, portant notamment sur l’amélioration des conditions des fonctionnaires. La décision de justice relance les inquiétudes sur le respect des engagements gouvernementaux et la protection des libertés syndicales à l’approche des échéances électorales.

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