Libéria : vers un tribunal pour les crimes de guerre des années 1990

Rédaction : Africa Eye

Le 19 juillet 2025, une vaste campagne de sensibilisation a été lancée à Monrovia pour préparer la mise en place d’un tribunal hybride chargé de juger les crimes de guerre et les crimes économiques commis pendant les guerres civiles ayant ravagé le pays entre 1989 et 2003. Avec près de 250 000 morts, ces conflits ont laissé une empreinte indélébile dans la mémoire nationale.

Portée par le Bureau pour l’établissement du tribunal (OWECC), cette initiative vise à impliquer les citoyens dans le processus judiciaire à venir. Selon la rapporteuse Kanree Wright, la création du tribunal est prévue pour 2027, tandis qu’un tribunal anti-corruption devrait être opérationnel dès novembre 2026.

Lors de la cérémonie de lancement, des organisations des droits humains, des représentants de la Cedeao ainsi que des centaines de Libériens ont pris part à l’événement. Pour Jallah Barbu, directeur exécutif de l’OWECC, cette campagne doit toucher l’ensemble des 15 régions du pays : « Nous devons être dans chaque coin du pays », a-t-il insisté.

Christine N. Umutoni, coordinatrice permanente de l’ONU au Libéria, a salué cette avancée majeure, soulignant que « la sensibilisation renforce la confiance et la crédibilité dans le processus ».

Malgré les recommandations émises dès 2009 par la Commission Vérité et Réconciliation (TRC), notamment la création d’un tribunal pour crimes de guerre, aucun procès n’a encore eu lieu au niveau national. Cette inertie s’explique notamment par la présence continue de plusieurs anciens chefs de guerre dans la sphère publique et politique.

Avec l’arrivée du président Joseph Boakai au pouvoir en janvier 2024, cette dynamique semble évoluer, ouvrant la voie à une véritable justice transitionnelle, attendue depuis longtemps par les victimes des massacres, actes de cannibalisme, viols et enrôlements forcés d’enfants-soldats.

Si des jugements ont été rendus à l’étranger, le Libéria semble désormais prêt à regarder son passé en face, et à poser les bases d’un État de droit durable, après avoir été successivement meurtri par les conflits armés et l’épidémie d’Ebola.

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