Le Bénin accorde la nationalité à des descendants d’esclaves, un geste de mémoire et de réconciliation

Rédaction : Widad WAHBI

Le Bénin a franchi une étape historique en décidant d’accorder la nationalité béninoise aux descendants d’esclaves issus de la diaspora. Cette décision, désormais encadrée par la loi, vise à réparer symboliquement les blessures laissées par la traite négrière transatlantique, tout en renforçant les liens entre le continent africain et ses diasporas.

Samedi dernier, à Cotonou, l’artiste américaine Ciara a été l’une des premières personnalités à recevoir officiellement la citoyenneté béninoise. Ce moment solennel marque l’aboutissement d’une procédure accessible à tout afro-descendant capable de prouver, par un test ADN ou par des témoignages vérifiés, l’origine de l’un de ses ancêtres réduit en esclavage et déporté depuis les côtes béninoises.

Cette initiative s’inscrit dans une démarche mémorielle assumée. Le Bénin, qui fut autrefois un point névralgique du commerce triangulaire, entend non seulement reconnaître sa part de responsabilité historique, mais aussi affirmer une volonté politique de réconciliation. En 1999 déjà, l’ancien président Mathieu Kérékou avait exprimé ses regrets à la communauté afro-américaine lors d’une visite dans une église de Baltimore, marquant les prémices d’un dialogue avec la diaspora.

Aujourd’hui, au-delà du symbole, le gouvernement béninois espère que cette politique favorisera également le tourisme mémoriel. De nombreux sites liés à l’esclavage, notamment à Ouidah, sont au cœur de cette stratégie patrimoniale. Dans cette dynamique, le cinéaste américain Spike Lee et son épouse ont été récemment nommés ambassadeurs du Bénin auprès de la diaspora afro-descendante des États-Unis, un rôle honorifique destiné à amplifier la portée de cette nouvelle diplomatie culturelle et identitaire.

Par ce geste, le Bénin envoie un message fort , celui d’un continent qui se réapproprie son histoire, tend la main à ses fils et filles dispersés à travers le monde, et ouvre la voie à une citoyenneté ancrée dans la mémoire, mais tournée vers l’avenir.