Kenya : Les données au plus offrant

Rédaction: Africa Eye

Au Kenya, l’identité numérique est en train de devenir un marché juteux  et un champ de bataille pour la vie privée. En mai, la Haute Cour de Nairobi a frappé un grand coup en ordonnant à Worldcoin, le projet biométrique piloté par Sam Altman, d’effacer sous sept jours les données d’iris et de visage de plus de 300 000 Kényans. Motif : collecte illégale, absence de consentement éclairé et manque d’évaluation d’impact sur la protection des données. La décision a envoyé un signal fort, mais le doute persiste. Plusieurs parlementaires exigent désormais des preuves tangibles de la suppression, rappelant que la promesse verbale d’une multinationale ne vaut pas garantie.

En parallèle, le gouvernement déploie Maisha Namba, un système d’identification numérique censé moderniser les services publics. Officiellement présenté comme un outil d’efficacité, le projet suscite toutefois de vives inquiétudes : risques de surveillance accrue, centralisation massive des informations personnelles et exclusion numérique potentielle de millions de citoyens. Dans les zones rurales, frontalières ou marginalisées, l’accès à cette identité numérique reste inégal, nourrissant la crainte d’un fossé civique encore plus profond.

Qu’il s’agisse d’un acteur privé mondial ou d’un programme étatique, le constat est le même : les données biométriques des Kényans sont désormais au cœur d’un affrontement entre innovation et droits fondamentaux. Derrière les promesses de sécurité et d’efficacité se cache une question brûlante : qui contrôle ces données, et à quelles fins ? Pour l’instant, les réponses se font attendre tandis que le marché, lui, ne connaît pas de pause.

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