L’Afrique face à l’épidémie silencieuse de la solitude : l’isolement urbain dans un monde traditionnel

Rédaction: fatomatou konè

Au cœur de Lagos, Nairobi ou Johannesburg, des millions de personnes se frayent un chemin dans des rues bondées tout en se sentant terriblement seules. Les communautés soudées, où l’on connaissait chaque voisin par son prénom, cèdent la place à des immeubles où les portes restent closes et les salutations s’effacent. L’urbanisation rapide attire les jeunes Africains avec la promesse d’opportunités, mais elle a aussi brisé les liens villageois et les réseaux familiaux élargis qui rythmaient autrefois la vie quotidienne. Dans les minibus surchargés comme dans les marchés animés, la solitude se cache désormais à la vue de tous.

Les chercheurs alertent : il ne s’agit pas d’un simple malaise passager, mais d’une véritable épidémie. Une étude récente révèle que l’isolement social progresse rapidement chez les jeunes, amplifié par la technologie et des rythmes de travail inspirés des modèles occidentaux. Les jeunes actifs passent des heures dans les embouteillages et au bureau, pour rentrer dans des appartements silencieux et se plonger dans des univers numériques. Ce paradoxe frappe fort : jamais les Africains n’ont été aussi connectés virtuellement, mais jamais les liens en face-à-face n’ont été aussi fragiles. Psychologues et médecins associent cette solitude à une hausse de l’anxiété, de la dépression et même de certains troubles physiques, soulignant que l’urbanisme et les politiques de santé publique n’ont pas encore pris la mesure du problème.

Derrière les chiffres se cache une perte culturelle profonde. Les anciens se souviennent des veillées au clair de lune, où les rires et les récits tissaient la mémoire collective et rapprochaient les générations. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes n’ont jamais connu ces moments. Quelques initiatives fleurissent cependant : cuisines communautaires, jardins partagés, soirées de contes en plein air… Autant de tentatives pour recoudre le tissu social que le béton et le verre ont effiloché. Reste à savoir si ces étincelles suffiront à rallumer la chaleur humaine dans des villes où la croissance économique ne devrait pas se payer au prix de l’invisibilité sociale.

Whatsapp Suivez les dernières nouvelles sur WhatsApp Telegram Suivez les dernières nouvelles sur Telegram Google Actualités Suivez les dernières nouvelles sur Google News Nabd Suivez les dernières nouvelles sur Nabd