RDC : La lumière comme arme de paix

Rédaction: fatomatou konè

Dans les quartiers autrefois engloutis par l’obscurité de Goma, un réseau solaire de 1,3 MW offre bien plus qu’une simple électricité : il rend aux habitants leur sécurité, leur dignité et leur vie nocturne. L’entreprise congolo-américaine Nuru dont le nom signifie « lumière » en swahili  a installé en 2020 l’un des plus vastes mini-réseaux solaires hors réseau du continent, connecté à une centrale hydroélectrique située dans le parc national des Virunga. Les lampadaires rallumés ont chassé les ombres propices aux agressions, l’eau traitée coule à nouveau, et même l’accès à Internet se rétablit. Après la prise de Goma par la milice M23 début 2025, alors que drones et grenades non explosées menaçaient les installations, la population s’est mobilisée pour protéger ces panneaux solaires comme un bien vital.

Pour les habitants, cette lumière est aussi une bouffée d’oxygène économique. Des artisans peuvent enfin travailler après le coucher du soleil : ateliers de soudure, salons de coiffure, cinéma de quartier, et même de petites épiceries vendant de la bière fraîche grâce à des frigos alimentés en continu. Les coûts ont baissé : un soudeur raconte avoir réduit sa facture quotidienne de 15 à 10 dollars. Et au-delà des chiffres, un sentiment nouveau s’installe : celui de ne plus craindre la nuit. « Les lampadaires empêchent les silhouettes de s’approcher », confie un habitant.

Mais Goma n’est qu’un point de départ. Avec le soutien de Microsoft et de la Schmidt Family Foundation, Nuru envisage d’électrifier 10 millions de Congolais d’ici 2030 et prépare un mini-réseau de 3,7 MW capable de desservir 125 000 personnes. Dans une région marquée par l’instabilité et la violence, l’électricité devient bien plus qu’un service : elle se fait rempart contre l’insécurité, moteur d’activités et symbole de résilience. Ici, le soleil n’éclaire pas seulement les rues il éclaire l’avenir.