Afrique de l’Ouest : Le cybercrime invisible que nos gouvernements peinent à combattre

Rédaction: fatomatou konè

Dans les ruelles animées de Lagos, dans les cybercafés bondés d’Abidjan ou derrière les écrans anonymes de Dakar, une guerre silencieuse se joue chaque jour. Hameçonnage, escroqueries aux investissements, usurpations d’identité et attaques coordonnées contre des banques ou des entreprises : le cybercrime s’est imposé comme l’un des fléaux les plus lucratifs et les plus insaisissables de la région. Les auteurs, souvent jeunes, maîtrisent des outils numériques bon marché mais redoutablement efficaces, profitant d’internet pour frapper bien au-delà des frontières. Leur arme la plus puissante ? L’anonymat et la vitesse du réseau, face à des cadres juridiques obsolètes et des moyens d’enquête limités.

Les chiffres sont alarmants. Selon Interpol, près d’un tiers des crimes signalés en Afrique de l’Ouest se déroulent désormais dans le cyberespace, les escroqueries par phishing et les fraudes par compromission d’e-mails professionnels (BEC) représentant la majorité des attaques. Les services spécialisés, sous-financés, manquent d’outils de traçage performants, de formations pointues et de coopération régionale efficace. Cette faiblesse structurelle offre aux réseaux criminels un terrain idéal pour prospérer. Pire, les bénéfices tirés de ces cyberattaques sont souvent recyclés dans d’autres activités criminelles, du blanchiment d’argent au financement du terrorisme, tissant un maillage entre criminalité numérique et menaces physiques.

Pourtant, la riposte s’organise timidement. Des États, parfois avec l’appui d’ECOWAS et de partenaires privés, lancent des campagnes de sensibilisation, forment des enquêteurs et investissent dans des plateformes de signalement. Des hackathons régionaux réunissent des jeunes talents pour imaginer des solutions locales aux menaces globales. Mais le temps joue contre les défenseurs : chaque faille exploitée renforce la confiance des criminels et érode celle des citoyens envers leurs institutions. Dans cet espace virtuel où les frontières n’existent plus, l’inaction pourrait coûter bien plus cher que les milliards déjà perdus : c’est la crédibilité même des États qui est en jeu.

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